Expertise civile & transparence financière

Expertise civile & transparence financière

Publication of type Brève published on 17-03-2016

Les banques françaises ont dégagé cinq milliards d’euros de bénéfices dans les paradis fiscaux en 2015, ce qui fait réagir les organisations de la société civile, notamment certaines des plus grandes ONG françaises, qui publiaient hier un rapport revenant sur cette première année où les banques étaient légalement tenues par le reporting pays par pays. Rappelant qu’il serait plus juste de parler de « paradis fiscaux, judiciaires et réglementaires » (PFJR), le CCFD, Oxfam et le Secours Catholique (Caritas France) estiment que l’hypothèse de la société civile, qui avait déployé un plaidoyer massif pour la mise en place de cette loi, est confirmée : « les banques utilisent les paradis fiscaux à des fins d’évitement fiscal et réglementaire ». Les ONG donnent à voir la montée en compétence de la société civile, tant en termes d’expertise, de travail en réseau que de communication, sur un enjeu clé pour le développement et la croissance, au Nord comme au Sud.

Grâce à leur complémentarité et à leur coordination (notamment à l’international), les ONG, associations et réseaux de la société civile gagnent effectivement en expertise sur ces questions de fiscalité et voient leurs techniques de communication se développer et s’affiner. Ce dernier rapport, intitulé En quête de transparence et publié par certaines des plus importantes ONG de développement et solidarité françaises, en partenariat avec la plate-forme française « Paradis fiscaux et judiciaires », rappelle également que des institutions comme l’OCDE et le FMI quantifient elles-aussi, aujourd’hui, le manque à gagner de l’évasion et de l’optimisation fiscale.

« Impôts payés deux fois moins importants dans les PFJR », « activités jusqu’à quatre fois plus lucratives », les « indices » retenus par l’étude montrent une « déconnexion » entre les bénéfices déclarés dans les paradis fiscaux et l’activité réelle des banques. « A l’international, alors que les banques françaises réalisent un tiers de leurs bénéfices dans les paradis fiscaux, ceux-ci ne représentent qu’un quart de leurs activités internationales déclarées, qu’un cinquième de leurs impôts et seulement un sixième de leurs employés » révèlent les ONG. Elles dénoncent et dissèquent l’optimisation fiscale menée par cinq banques françaises – BNP Paribas, groupe BPCE (Banque Populaire et Caisse d’Epargne), Société Générale, Crédit Agricole, et Crédit Mutuel-CIC –, leurs activités en termes de bénéfices et d’impôts payés. Cette étude est enfin utilisée, bien entendu, pour demander aux autorités françaises de « redéfinir un agenda politique ambitieux » en la matière et d’étendre l’obligation du reporting pays par pays à l’ensemble des secteurs économiques.

 

THÈMES D'ENGAGEMENT SOCIÉTAL
Finance, corruption et transparence
ZONES D'INTERVENTION
France
LIÉE À 9 ORGANISATIONS