Colonisation : des sociétés à responsabilité limitée ?

Colonisation : des sociétés à responsabilité limitée ?

Publication of type Brève published on 26-01-2016

Les entreprises implantées dans les colonies israéliennes de Cisjordanie contribuent à un « système fondamentalement illégal », participant ainsi à une « violation » des droits des Palestiniens et doivent donc cesser leurs activités, selon l'ONG internationale Human Rights Watch.

Les colonies israéliennes installées sur des territoires palestiniens hors de la frontière reconnue par la communauté internationale, sont considérées comme illégales, mais aussi comme un obstacle majeur à la paix, par l'écrasante majorité des ONG et associations. Human Rights Watch (HRW), suivant une tendance récente de la société civile, étudie le rôle et les impacts des entreprises implantées dans ces colonies, qu'elle dénonce dans un rapport de 162 pages, intitulé « Occupation, Inc : Comment les entreprises opérant dans ou avec les colonies israéliennes contribuent à violer les droits des Palestiniens », publié la semaine dernière.

Le rapport critique aussi les activités des firmes du secteur du ciment et de l’immobilier qui cautionnent « le traitement privilégié accordé aux colons pour pratiquement tous les aspects de la vie en Cisjordanie ».

Rappelons que depuis les accords d’Oslo, conclus en 1993, la Cisjordanie est divisée en trois zones A, B et C. Les autorités palestiniennes exercent des pouvoirs limités dans les zones A et B, tandis que la zone C qui représente 60% de la région, est restée entièrement sous le contrôle israélien. Le rapport pointe du doigt le fait que des entreprises étrangères opèrent en zone C « tout en interdisant aux palestiniens d’y construire ou d’exploiter des ressources naturelles » dans cette même zone. En effet, entre 2000 et 2012, l’administration militaire israélienne a refusé 94% des demandes de permis de construire déposées par des Palestiniens. Deux entreprises sont citées à titre d’exemple dans ce rapport : d’une part le groupe allemand HeidelbergCement, qui répond notamment à ces accusations en assurant fournir aux palestiniens des emplois bien payés. Et d’autre part la compagnie américaine Remax, spécialisée dans l’immobilier, qui n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet.

HRW a aussi enquêté sur un fabriquant de textiles, fournisseur d’un grand distributeur américain, qui s’est installé en octobre 2015 dans une zone industrielle colonisée, attiré par les bas salaires perçus par les travailleurs palestiniens, les loyers peu élevés et les avantages fiscaux.

HRW ne prend pas position au sujet du boycott, demandé par la société civile palestinienne et visant les entreprises opérant dans les colonies, même si ce mouvement gagne du terrain dans de nombreux pays, et provoque un débat très large. Arving Ganesan, collaborateur de HRW, affirme de son côté : "La seule façon pour le monde des affaires d’assumer ses responsabilités en matière de droits de l’Homme est d’arrêter de travailler avec et dans les colonies israéliennes ».

THÈMES D'ENGAGEMENT SOCIÉTAL
Droits humains
ZONES D'INTERVENTION
Israël - Palestine
LIÉE À UNE ORGANISATION