Entreprises & urgences humanitaires : la notice de l...

Entreprises & urgences humanitaires : la notice de l'Unicef

Publication of type Interview published on 26-01-2016

Les situations d’urgences, qu’elles soient d’origine naturelle ou humaine, sont devenues de plus en plus complexes, avec un impact dévastateur grandissant, notamment sur les enfants. Jean-Marie Dru, président de l’UNICEF, le rappelait lors du la soirée d’échanges « Aide humanitaire d’urgence : quelle place pour les entreprises ? » le 14 janvier dernier : « Nous apportons notre aide à 62 millions d’enfants qui font face à ces évènements dramatiques, cependant 230 millions sont confrontés à ces problématiques en 2015 ». Tandis que certaines entreprises comme Michelin, Sodexo ou Total s’engagent auprès des populations en mettant à leur disposition des locaux, des dons en nature et des produits de première nécessité, d’autres ne sont pas encore assez impliquées dans le secteur humanitaire. Comment les entreprises peuvent-elles se manifester et contribuer à faire avancer les droits des enfants pendant les urgences ? Eléments de réponse avec Rémi Vallet, Responsable des Partenariats Entreprises de l’UNICEF France.

Comment ont évolué les relations entreprises à l’UNICEF ?

Rémi Vallet (RV) : Globalement, les financements que peuvent nous apporter les entreprises restent importants, et c’est essentiel pour une organisation comme la nôtre, qui vit de la générosité du public. De plus l’Unicef, avec le Global Compact et Save the Children, a développé des principes directeurs sur les droits de l’enfant et les entreprises, un cadre de référence qui permet aux entreprises de s’auto-diagnostiquer, pour voir et comprendre leurs impacts sur ce public spécifique, en « chaussant des lunettes avec un prisme enfant et adolescent ».

Les situations d’urgences se multipliant (séisme au Népal, Guerre au Yémen, Conflit Nigéria…), comment l’UNICEF s’adapte-t-elle à ce contexte ?

RV : En étant présent sur le terrain et en multipliant nos moyens, grâce aux liens solides que nous nouons avec les autres organisations de la société civile (OSC). Dans les pays d’interventions de l’Unicef, nous travaillons avec les ONG locales, les services et administrations de l’état et l’éducation nationale pour déployer les différents programmes. Mais nous avons aussi besoin de travailler avec les entreprises, car notre besoin en financement est colossal, afin d’être dans la capacité de déployer nos ressources humaines et nos moyens matériels rapidement. Pour cela, nous organisons des évènements comme cette soirée, pour sensibiliser les entreprises, leur montrer les différentes modalités d’intervention existantes. L’Unicef met aussi en place un guide pratique pour les entreprises, qui sera lancé dans les prochaines semaines. Ce guide leur permettra de comprendre comment se manifester auprès des OSC et comment apporter leur soutien.

 

Comment choisissez-vous vos partenaires ?

RV : De manière générale, nous collaborons avec des entreprises responsables, engagées contre le travail des enfants, et qui sont dans une démarche et une dynamique de progrès, positive. Nous allons démarcher les entreprises qui peuvent avoir une affinité et qui ont le potentiel de nouer un partenariat stratégique avec l’UNICEF. Nous gardons plutôt les grandes entreprises, avec une envergure financière importante, ce qui va nous permettre de financer nos missions sur le terrain, et puis de construire une histoire autour d’un partenariat qui va avoir du sens et pour l’Unicef et pour les entreprises. Que ce soit nous qui allions pro-activement démarcher ces entreprises, ou elles qui viennent vers nous, nous avons un processus de screening, de due diligence fort, pour s’assurer que l’entreprise répond à certains critères. Il y a des secteurs avec lesquels il est exclu que l’Unicef travaille comme l’armement, l’alcool, le tabac, ou la pornographie. Il existe d’autres secteurs, comme l’industrie du textile, avec qui on travaille mais qui sont sensibles concernant des sujets comme le travail des enfants. Notre rôle est de leur rappeler les principes de notre partenariat, et aussi de nous assurer que leur politique de départ respecte un certain nombre de ces principes.

 

Le récent partenariat avec Louis Vuitton, permet-il d’apporter plus de visibilité aux urgences silencieuses ?

RV : C’est l’objectif que nous nous fixons. Ce partenariat a plusieurs aspects intéressants. Premièrement il est centré sur la thématique d’urgence. Louis Vuitton a développé un produit qui va être vendu au profit de l’Unicef, et pour chaque produit vendu, 200$ seront versés à l’organisation. Cependant, la force de ce partenariat réside dans le fait que c’est un produit partage d’un nouveau genre, car il est lié à l’aspect évènementiel : Vuitton souhaite mettre en place un certains nombres d’évènements, (ventes aux enchères, mobilisation de certaines égéries…) au profit de l’Unicef en faisant aussi appel aux dons auprès de ses employés et clients. Ceci représente une levée de fonds importante pour l’Unicef. Nous sommes fiers de la confiance que nous accorde Vuitton, car ils ont accepté de financer les urgences mais aussi des financements moins faciles à mobiliser, ceux destinés à l’ensemble des activités de l’Unicef. A nous de voir comment s’en saisir pour faire connaitre des situations qui sont un peu plus oubliées.

 

Et quelle est la place des PME dans ce processus d’urgence ?

RV : Leur rôle n’est pas négligeable, parce que la force des PME, c’est d’être un tissu socioéconomique majeur en France. Nous essayons de nous faire connaitre et reconnaitre auprès d’elles comme une organisation faisant appel à la générosité de tout type de public. Leur participation se fait plus souvent sous forme de dons (entre 1000 et 10 000 euros), qui ne sont affectés à aucun projet particulier et financent l’ensemble des actions de l’Unicef. Elles peuvent aussi être entreprises mécènes de l’Unicef pour participer au financement d’un projet particulier.

 

Quels sont les autres nouveautés à développer ?

RV : Il y a tout le travail de plaidoyer que nous faisons, mais qui n’est pas très connu en France. L’Unicef lance la troisième édition d’une consultation auprès des 6-18ans sur eux, leurs droits et leurs ressentis. Second point - méconnu du grand public mais important -, l’Unicef accorde un fort intérêt à l’innovation. Pour cela nous avons développé le Global Innovation Center à Nairobi avec un Innovation Fund qui finance des expériences pilotes, comme par exemple l’utilisation de téléphone mobile pour pouvoir diffuser et remonter l’information, et communiquer sur les bons gestes à adopter en cas d’urgence. Ces expérimentations permettent d’être plus efficace et pertinent sur le terrain.

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